Nicolas Eberhardt

Nicolas Eberhardt

De la taille de pierre à appareilleur en passant par chef de chantier, voici le parcours de Nicolas

La taille de pierre, une révélation

Né à Colmar en 1983, Nicolas a grandi dans la belle vallée de Guebwiller et habite depuis 10 ans à Strasbourg.

Il se passionne pour les vielles pierres dès l'âge de 15 ans. C'est lors de son premier stage, consacré à la restauration d'un monument, ici un château en Haute-Marne, qu'il entrevoit la caisse à outils d'un tailleur de pierre. Il en tombe « amoureux », ce sont de beaux outils dont les manches en buis sont façonnés pour la main de leur propriétaire.

Nicolas a alors l'opportunité de s'initier à la taille de pierre. Il poursuivra stages et expériences similaires sur les conseils de ses parents et du sculpteur Christian Fuchs « continue tes études et assure-toi que c'est vraiment le métier que tu souhaites ». 

En été, il alterne les stages en taille de pierres, à l'Atelier de sculpture Schické ou chez Castellazzi, toujours dans les Monuments Historiques. C'est à 19 ans, qu'il devient apprenti tailleur de pierre pour l'entreprise Scherberich à Colmar. 

Pendant son apprentissage, il a la chance de travailler en partie sur le chantier de la flèche de la cathédrale de Strasbourg, plus précisément à la mise œuvre de traitements en conservation : nettoyage des encroûtements noirs, microgommage, application de solins.

Il obtient son CAP en 2004 puis le BP en 2006. Il suit la formation pratique de ce dernier à la Fondation de l'Œuvre Notre-Dame et la théorie à Montalieu-Vercieu près de Lyon.

Nicolas forgera ensuite son expérience tout d'abord en Allemagne, où il sera chef d'équipe et responsable de chantiers pendant deux ans. De retour à Strasbourg, il retrouvera entre autres la cathédrale sur les chantiers côté nord. 

Nicolas souhaite cependant travailler à plein temps pour la cathédrale. C'est pour cette raison qu'il candidate en 2011 au poste d'appareilleur à la Fondation. Il est recruté pour six mois en tant qu'aide puis devient appareilleur à part entière.

Son métier a par conséquent évolué. Pour autant, même s'il ne taille plus, il continue à en visualiser chacune des étapes lorsqu'il dessine une pierre à restaurer. Nicolas aime se lancer des défis et découvrir toutes les facettes des métiers de la pierre. En effet, en parallèle de son nouveau métier, le contact avec les outils de tailleur lui manquait un peu au début et il a donc compensé en participant à des festivals … de sculpture.

Le métier d'appareilleur

« En tant qu'appareilleur, je réalise les relevés puis les épures, les gabarits et les fiches de taille des pièces à restaurer par les tailleurs de pierre et les sculpteurs ». Nicolas répond aussi aux diverses demandes de plans de la cathédrale émanant de la DRAC (Direction Régionales des Affaires Culturelles), de la ville de Strasbourg, des universités, etc.

Il relève actuellement un chaperon festonné sur le chantier du bras sud du transept « c'est une pièce qui coiffe un des contreforts, il a la particularité d'être orné de festons ».

L'âme de la cathédrale

Nicolas apprécie surtout les lieux peu fréquentés de la cathédrale « c'est un peu comme voyager dans le temps et sentir en quelque sorte la présence des hommes qui l'ont façonné quel que soit les époques. Lorsque je regarde un coup d'outil, une ciselure, une empreinte laissés par le tailleur de pierre, celui-ci est loin et proche à la fois. Ces traces sont importantes bien qu'il soit souvent difficile de les conserver en place sur le monument. C'est un mal pour un bien car dans les cas critiques des pierres pourraient être irrémédiablement perdues pour les générations futures si elles n'étaient pas déposées et préservées dans notre dépôt lapidaire ou au musée de l'Œuvre Notre-Dame. Nous mettons d'ailleurs tout en œuvre pour en réaliser des copies fidèles et respecter ces témoignages du passé».

Nicolas pense souvent au dur labeur des artisans et au trajet de ces pierres : de l'extraction en carrière, à leur pose en passant par leur transport, leur taille, leur sculpture et en éprouve beaucoup de respect.

On the road again

La grande passion de Nicolas est la moto, les ballades dans les Vosges pour se changer les idées « car la cathédrale, au bout d'un moment elle vous étouffe » nous dit-il avec un sourire.

Le mot de la fin

« La Fondation de l'Œuvre Notre-Dame a encore beaucoup de chantiers, de défis à relever et ce, avec sans doute moins de moyens. Nous devrons contre vents et marées continuer à être exigeants car rien n'est acquis, rien n'est gagné d'avance ».

Publication 2015