Le Musée de l’Œuvre Notre-Dame conserve dans ses collections une œuvre particulière, l’Ange « à plumes », un original du XVIe siècle, supposé du portail Saint-Laurent de la cathédrale de Strasbourg. En sa qualité d’œuvre muséale, elle ne peut être, ni réintégrée sur l’édifice, ni reproduite de manière conventionnelle.

La copie conforme dans la restauration

Lors des chantiers de conservation-restauration, les sculpteurs réalisent des copies conformes à partir de modèles en plâtre, grâce aux techniques traditionnelles de la mise au point ou la méthode des trois compas. Bien que le geste créateur ne puisse être reproduit, car unique par définition, la copie n’en demeure pas moins fidèle. Cependant, pour l’Ange à plumes, une approche différente s’impose, sans recours à la mise aux points. 

La démarche de reproduction de l’Ange à plumes se rapproche bien plus de celle utilisée en taille de pierre que pour la sculpture traditionnelle. En effet, les tailleurs de pierre ne réalisent pas de copies conformes, mais reproduisent la géométrie à l’identique. Toutefois, contrairement aux éléments de taille de pierre qui sont davantage reproductibles, en raison de leur nature géométrique, une sculpture demeure unique.

Reproduire la ressemblance de l’Ange à plumes

Grâce au modèle tridimensionnel – la statue de l’Ange – l’œuvre sera reproduite le plus fidèlement possible par le sculpteur et avec des outils manuels. Ce processus requiert la recherche des plans et surtout des mouvements qui composent la forme organique de l’Ange à plumes, dans un volume déterminé, au lieu de la recherche des points.

Cette technique de reproduction met en lumière l’importance de l’expertise humaine, du sculpteur, dans la préservation et la transmission du patrimoine culturel. Car qui mieux que l’humain peut restituer la représentation du vivant insufflée dans cette œuvre d’art ?
Chaque geste de l’artisan, contribue à préserver l’essence même de la sculpture, à une époque où les technologies numériques prennent une place grandissante dans ce domaine.

SOURCE : Vincent Cousquer, sculpteur et historien de l’art