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La maison Kammerzell

© Fondation de l'Œuvre Notre-Dame
La maison Kammerzell est aussi emblématique à Strasbourg que sa voisine la cathédrale. Édifiée au XVIe siècle, elle fait l'admiration des touristes et des strasbourgeois.

La maison Kammerzell occupe une place particulière dans le paysage strasbourgeois. Perchée sur trois étages à pans de bois et couverte d’un toit en pentes raides percés de trois rangées de lucarnes, sa silhouette originale se distingue très largement des autres édifices de la place.

Construite en 1467 dans un style gothique dont seul subsiste le rez-de-chaussée, elle devient la propriété d’un riche marchand de fromage, Martin Braun. 

Maison Kammerzell, photo Charles Winter, fin XIX<sup>e<sup/> siècleEn 1587, le jeune commerçant décide d’apporter des modifications à sa demeure qu’il juge trop exiguë et présente un plan ambitieux d’agrandissement et de restructuration des étages. 

En 1589, il obtient l’autorisation de faire bâtir un large encorbellement portant sur trois étages à pans de bois. En outre d’afficher le statut social prestigieux de son propriétaire, ce projet s’inscrit également dans un vaste programme de constructions civiles très en vogue à l’époque. Toutefois, la maison Kammerzell se démarque des autres édifices non seulement par l’abondance de son décor sculpté figuratif, qui est à contre-courant des tendances d’après Réforme mais aussi par son caractère architectural atypique. La maison Kammerzell présente un des rares cas d’architecture rhénane de bois où le canon du style Renaissance est appliqué avec une régularité et une symétrie dans l’ordonnance des façades et l’accentuation des lignes horizontales. 

Jusqu’au tournant du XXe, la maison conserve sa vocation commerciale ce qui témoigne de la vitalité de la ville. En 1879, alors que l’Alsace est sous domination allemande, la maison est vendue aux enchères publiques. Soucieuse de sa conservation, le maire Otto Back propose à la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame d’acquérir la maison en 1879. La Fondation entreprend rapidement plusieurs campagnes de restauration. Les premières rénovations des boiseries extérieures commencent entre 1881 et 1884 suivies d’une réfection complète entre 1887 et 1892 sous  la direction des architectes de l’Œuvre Notre-Dame August Hartel, Franz et Theodor Schmitz. Les sculptures abîmées sont remplacées, les fenêtres retrouvent leur vitrage à cives, les différentes couches de peintures sont retirées pour laisser place au décor original. Ces travaux de restauration correspondent à une réflexion naissante menée à la fin du XIXe siècle qui concerne la sauvegarde des monuments. 

En 1895, la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame organise un concours pour la décoration intérieure de la maison qui est deCarte postale, exposition universelle, Paris 1900venue la Brasserie Stiftskeller. Six candidats manifestent leur intérêt, dont Charles Spindler mais  finalement le projet est confié à l’artiste Leo Schnug qui réalise les décorations entre 1904 et 1905

Originaire de Strasbourg, Leo Schnug est formé à l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg puis à l’Académie des Beaux-Arts de Munich. Il est connu pour son trait sûr et son amour du détail poussé à l’extrême. La plupart de ses œuvres évoquent un passé germanique moyenâgeux et renaissant teinté d’une impression d’irréalité. Leo Schnug réalise les fresques du rez-de-chaussée et du premier étage de la maison Kammerzell. Il se détourne des figures figées des sculptures extérieures pour donner à ces personnages un air belliqueux et gaillard qui vient parsemer les scènes de fêtes et de plaisir. Il représente tout un univers allégorique qui s’inspire de thèmes tels que la Nef des fous, le repas du condamné ou  le supplice de Tantale. Ses compositions traduisent un goût prononcé pour la satire et la caricature que l’artiste vient égayer en se représentant dans des poses les plus variées. 

Reproduction de la maison Kammerzell en grandeur d'exécution, exposition universelle, Paris 1900Empreint de légèreté et d’humour, les décors révèlent un monde bucolique aux mœurs parfois légères.  

À l’occasion de la grande Exposition universelle à Paris de 1900, une copie en grandeur d’exécution de la maison Kammerzell est construite par l’architecte Albert Galeron, elle sera détruite après l’exposition. Le 13 juin 1929, la maison est inscrite au titre des Monument Historique.

Depuis la 1987, la maison Kammerzell abrite un restaurant du même nom.