La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame possède une collection inestimable de moulages en plâtre (gypsothèque) de la cathédrale. Sa création est initiée par Gustave Klotz et se développe considérablement à la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle et se poursuit de nos jours dans nos ateliers.
Les moulages en plâtre sont des outils essentiels aux sculpteurs pour les restaurations. En effet, lorsqu’une pièce originale ou une copie est très dégradée, seul le moulage permet de restituer fidèlement sculptures et ornements. La gypsothèque s’étoffe au fur et à mesure des chantiers de nouvelles « empreintes ». Les estampages sont réalisés uniquement sur des éléments en bon état de conservation.
À l’occasion du chantier de conservation-restauration du bras sud du transept, Albert a réalisé l’estampage d’une partie de la sculpture de la Vierge à l’enfant de Jean Étienne Malade. En très bon état de conservation, il n’était pas envisageable de la déposer, se sont donc uniquement le buste de la Vierge, l’Enfant, le socle et l’amorce inférieure de la sculpture, des détails du drapé qu’Albert a estampé.
En premier lieu, il a appliqué une colle cellulosique pour faciliter le démoulage et protéger le grès des huiles contenues dans l’élastomère (silicone). Cette matière peut parfois être associée à du papier japon pour protéger la surface. Albert a ensuite appliqué l’élastomère en deux passes, la seconde avec une couleur (ici bleue) pour s’assurer de la bonne épaisseur et de l’homogénéité de l’application.
L’élastomère a remplacé la terre glaise pour gagner en temps d’exécution et pour pouvoir produire plusieurs tirages, mais la technique reste proche. Puis, le sculpteur a appliqué un mélange de plâtre et de filasse sur l’élastomère pour réaliser la coquille du moule, en plusieurs parties, et des clés en plâtre pour combler les contre-dépouilles (parties creuses empêchant le démoulage dans l’axe prévu). Il a également utilisé des supports en bois pour permettre de fixer les clés à la coquille et de les retirer facilement.
Après la prise du plâtre, le moule et l’élastomère sont ensuite retirés de la sculpture puis l’ensemble des pièces remonté à l’atelier. Le plâtre est enfin coulé dans le moule.
L’empreinte en plâtre est ainsi un duplicata parfait de la sculpture en grès, elle restitue la forme, les traces d’outils, les altérations éventuelles.
La technique de l’estampage est une pratique importante pour la Fondation, elle est transmise aux apprentis mais nécessite toutefois une mise en œuvre régulière pour la maîtriser. Elle fait partie intégrante des missions des sculpteurs.