Le sauvetage de la cathédrale de Strasbourg engagé sous l’architecte Johann Knauth (1864-1924) dans son contexte culturel et technique est au centre d’un projet de recherche financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR) et le Fonds autrichien pour la recherche et la science – Fonds zur Förderung der wissenschaftlichen Forschung (FWF).

L’Agence nationale de la recherche et le Fonds autrichien pour la recherche et la science ont retenu le Projet de recherche Engineering Nationality, Johann Knauth et le sauvetage de la cathédrale de Strasbourg dans son contexte technique et culturel. Ce projet d’une durée de trois ans (avril 2021 à avril 2024) sera mené conjointement par les deux universités de Strasbourg et d’Innsbruck, avec la coopération de la Fondation de l’Œuvre Notre Dame qui conserve une grande partie des archives de ce monumental chantier. Anne-Doris Meyer (Strasbourg) et Tobias Möllmer (Innsbruck), tous deux historiens de l’art sont engagés sur les postes de chercheurs post-doctoraux.

Le projet permettra d’ouvrir de nouvelles perspectives sur un chapitre passionnant de l’histoire de la cathédrale de Strasbourg, en le plaçant dans le contexte de la vie culturelle et technique de la métropole alsacienne au début du XXe siècle. Des journées d’études et des colloques sont prévus afin de réunir des chercheurs et personnes intéressées par le sujet. La publication des résultats des recherches ainsi que du journal de chantier (conservé à la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame) et sa traduction en français sont prévues à la fin du projet. Une exposition sur ce chapitre important de l’histoire de la cathédrale est également envisagée.

Description du projet

Ce projet interdisciplinaire s’intéresse au sauvetage de la cathédrale de Strasbourg, entre 1907 et 1926. Il entend étudier un chapitre essentiel, mais jusqu’alors peu abordé, de l’histoire de l’ingénierie du bâtiment, de celle des monuments patrimoniaux et de l’histoire culturelle de l’Alsace. Le projet bénéficie d’un financement binational de l’Agence nationale pour la recherche, France (ANR) et du Fonds autrichien pour la recherche et la science – Fonds zur Förderung der wissenschaftlichen Forschung (FWF).

Porteurs du projet

Scientifiques post-doctorants

  • Tobias Möllmer, Université d’Innsbruck
  • Anne-Doris Meyer, Université de Strasbourg

Partenaires du projet

  • Sabine Bengel : Fondation de l’Œuvre Notre-Dame, historienne de l’art
  • Marc Carel Schurr : Ancien directeur de l’Institut d’histoire de l’art de l’Université de Strasbourg

Contexte historique

Johann Knauth, vers 1900, crédit : F.OND
Johann Knauth, vers 1900, crédit : F.OND

Johann Knauth (1864-1924), architecte de la cathédrale de Strasbourg à partir de 1905, découvre en 1903 en sa fonction d’architecte adjoint que la tour nord de la cathédrale de Strasbourg risque de s’effondrer. Il entreprend, suite à des longues études et réflexions des mesures de sauvetage. Ces dernières seront achevées en 1926 par ses successeurs, Charles-Auguste Pierre (1875-1962) et Clément Dauchy (1865-1927).

Le parcours de Johann Knauth est mouvementé. Il est notamment victime des rivalités entre la France et l’Allemagne après la Première Guerre mondiale et meurt peu de temps après son expulsion en tant qu’étranger. Ce destin ne doit pas occulter le fait que la cathédrale de Strasbourg était toujours un lieu d’échange technique et culturel – et qu’il le reste encore aujourd’hui. Ces interrogations sont étroitement associées à la signification culturelle et historique des « ateliers de cathédrale ». Elles font résonance à l’inscription récente des savoir-faire des ateliers de cathédrale (Bauhüttenwesen) au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, une candidature conjointe menée par 18 ateliers européens dont la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame.

Jusque dans les années 1970, la France et l’Allemagne revendiquent tour à tour la paternité du sauvetage de la cathédrale. En 2015, la Ville de Strasbourg reconnaît le rôle prépondérant, au-delà des nationalités, de Johann Knauth grâce à une plaque commémorative apposée sur la façade (côté Place de la Cathédrale), du bâtiment du 5, place du Château.

Contexte de recherche

L’hypothèse de travail du projet de recherche s’appuie sur l’idée que le sauvetage des fondations de la tour nord (sur lesquelles reposent la haute tour et la flèche) – techniquement très innovant – ne peut être qualifié ni d’allemand ni de français. Il s’agit au contraire d’une interaction entre des expertises issues des deux pays. Dans ce cadre, le « cas Knauth » est aussi une invitation à repenser la position historico-culturelle d’autres médiateurs de l’époque du Reichsland Alsace-Lorraine, comme celle du restaurateur de la cathédrale de Metz, Paul Tornow (1848-1921), mais aussi des professeurs d’université et directeurs de musées de Strasbourg.

L’analyse scientifique des sources, en particulier le journal de chantier très détaillé de Johann Knauth, devrait pouvoir démontrer que les solutions d’ingénierie mises en œuvre consistaient en une accumulation de connaissances dans les domaines du béton armé et des sciences de la restauration. Ceci se situant au-delà de toute rhétorique nationale et ne pouvant réellement exister sous cette forme que dans une ville « laboratoire d’Europe » telle que l’était Strasbourg à cette époque. Le projet commencera en avril 2021 pour une durée de trois ans.

Photographies du Pilier dit « Knauth »

La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame possède dans ses collections de nombreuses photographies illustrant le sauvetage du pilier dit « Knauth », en voici quelques-unes.