Risques mortels, atteinte au patrimoine et dérangement des rapaces : ce que vous devez savoir avant de braver l’interdit … Spoiler : vous ne devriez pas.

Chaque année, des jeunes escaladent clandestinement les hauteurs de la cathédrale de Strasbourg pour des vidéos spectaculaires ou un moment d’adrénaline. Mais derrière ce geste se cachent des dangers réels, des dégradations et des conséquences pénales souvent ignorées.

Des gestes à haut risque pour un édifice vulnérable

Chute de pierres au niveau de la tourelle sud-ouest, crédit : F.OND
Chute de pierres au niveau de la tourelle sud-ouest, crédit : F.OND

Accéder sans autorisation aux parties hautes du monument, en dehors du circuit touristique sécurisé, constitue une infraction. Le moindre faux pas peut être fatal : la hauteur, les vents violents et l’absence de protections transforment ces explorations en véritables paris sur la vie. À chaque signalement, la DRAC Grand Est, les services de police, de secours et l’équipe d’astreinte de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame doivent intervenir en urgence. Ces opérations mobilisent des moyens humains et logistiques importants.

Ce monument historique est un édifice fragile. Elle est entretenue, conservée et restaurée en permanence par les artisan·es de la Fondation ainsi que par des entreprises spécialisées. S’aventurer sur les façades, s’appuyer sur les balustrades, les pinacles, expose à un risque réel de détérioration des éléments architecturaux. Une simple pression mal placée peut désolidariser une pierre ou endommager un ornement.

Et surtout, ces escalades mettent aussi en péril la vie d’autrui. Car au-delà du danger encouru par les grimpeurs eux-mêmes, subsiste le risque important de provoquer la chute d’un élément sur la voie publique. Un simple fragment de pierre peut devenir un projectile mortel. La mise en danger dépasse donc largement le cadre individuel : elle menace directement les passants en contrebas.

Des sanctions juridiques inévitables

Escalader la cathédrale n’est pas un simple délit urbain. En plus des infractions liées à la mise en danger d’autrui ou à l’intrusion dans un lieu non autorisé, cela constitue une atteinte au patrimoine archéologique ou historique, passible de sanctions prévues dans le Code pénal (articles R. 645-13, L. 322-3-1, L. 3622-4). Et peuvent donner lieu à des poursuites judiciaires, des amendes lourdes, voire des peines de prison avec sursis.
Par ailleurs, la cathédrale est placée sous vidéosurveillance. Les caméras installées aux abords et dans les zones sensibles permettent d’identifier les contrevenant·es. L’Architecte des Bâtiments de France, également Responsable unique de sécurité (RUS-UDAP 67) de la cathédrale de Strasbourg, dépose systématiquement plainte dès qu’une intrusion est constatée. Ces signalements entraînent l’ouverture d’enquêtes et peuvent aboutir à des poursuites judiciaires.

Des faucons dérangés en pleine nidification

Peu de personnes le savent : chaque année, des faucons crécerelles nichent sur l’édifice et un nichoir pour faucon pèlerin est installé depuis quelques années dans la flèche. Espèces protégées, leur tranquillité est cruciale durant la saison de reproduction. Les intrusions, souvent nocturnes, dérangent les adultes, effraient les oisillons et peuvent compromettre la reproduction. À ce jour, aucun faucon pèlerin n’a encore choisi de s’installer, et les caméras de surveillance révèlent malheureusement la présence de visiteur·euses clandestin·es qui effraient les oiseaux. Même les professionnel·les autorisé·es à intervenir dans ces zones sensibles doivent redoubler de précautions pour ne pas perturber ces espèces durant cette période critique.
Protéger la cathédrale, c’est aussi protéger la biodiversité qui y trouve refuge.

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