Hypothèse de restitution des étapes de construction de la cathédrale de Strasbourg, vers 1130, crédit : F.OND, 3D Stéphane Potier - Inventive studio
Hypothèse de restitution des étapes de construction de la cathédrale de Strasbourg, vers 1130, crédit : F.OND, 3D Stéphane Potier – Inventive studio

Au cours du XIIe siècle, la cathédrale de Strasbourg subit de nombreux incendies. Ils occasionnent des réparations qui respectent en grande partie les dispositions de la cathédrale ottonienne. De nos jours, plusieurs édifices conservent encore l’empreinte de l’architecture majestueuse de la basilique romane.

L’influence de la cathédrale romane de Strasbourg

Ruines de l’ancienne abbatiale de Limbourg-an-der-Haardt, crédit : F.OND

La fin de la construction de la cathédrale romane s’achève vers 1045-1050. Elle exerce une influence significative sur plusieurs églises de la région. L’église Saint-Marie de Mittelzell, située à Reichenau (sur les rives du lac de Constance), reproduit à l’échelle réduite, les parties orientales de la cathédrale strasbourgeoise. Elle comporte un transept continu avec une abside surmontée d’une tour carrée qui rappelle la basilique de Werner. Le chœur occidental, érigé à partir de 1030, est consacré en 1048.

Un autre exemple est l’église abbatiale de Limburg-an-der-Haardt, près de Bad Dürkheim, qui suit le modèle de la cathédrale de Strasbourg. Bien qu’en ruine aujourd’hui, elle témoigne de la grandeur et de la somptuosité semblable à l’édifice alsacien.

Enfin, l’église Saint-Georges d’Oberzell, sur l’île de Reichenau, offre un aperçu du décor intérieur de la nef de la cathédrale de Strasbourg. Les parements au-dessus des arcades du vaisseau central sont richement décorés de fresques de la fin du Xe siècle, qui illustrent les miracles du Christ.

Le destin de la cathédrale romane

Les dommages causés par les éléments

Crypte romane actuelle, reconstruite vers 1110-1120 (pour la partie est) et vers 1150 (pour la partie ouest), crédit : F.OND, Photo : Messbild-Anstalt Berlin, 1897

Aux environs de l’an 1080, peut-être en 1074, un orage dévastateur éclate le jour de Noël, et provoque d’importants dégâts sur la ville et la cathédrale de Strasbourg. En présence de l’empereur Henri III, plusieurs hommes sont tués dans la cathédrale par la chute d’une structure qui pourrait désigner le couronnement de la tour du chevet.

Cet événement est relaté dans une source historique conservée à la Bibliothèque de Nancy (ms. 537) : In natale Domini eo tempore ventus multa aedificia Argentinae urbus, maceria templi eversa, aliquos hominis in praesentia regis oppressit.
« Le jour de l’anniversaire du Seigneur à cette époque, le vent a soufflé de nombreux bâtiments dans la ville d’Argentine, les murs du temple ont été renversés et certaines personnes ont été écrasées en présence du roi. »

À cette occasion, la crypte a sans doute subi des dommages ce qui a peut-être motivé les transformations et agrandissements de la fin du XIe siècle ou au début du XIIe siècle. Ces modifications s’inspirent du style de la crypte de la cathédrale de Spire. Cette dernière est renommée, comme la plus vaste et la plus importante cathédrale romane de l’Empire, et lieu de sépulture des empereurs.

La cathédrale en proie aux flammes

Au cours du XIIe siècle, les Annales de Marbach mentionnent plusieurs incendies qui ont affecté la cathédrale, sans fournir le moindre détail hormis les dates : 1136, 1140, 1150 et 1176. 

Il semble que l’incendie de 1136 ait conduit à la reconstruction de la façade occidentale. En 1146, le passage de Bernard de Clairvaux à Strasbourg (il aurait accompli un miracle dans la cathédrale en redonnant l’usage de ses jambes à une jeune fille paralysée) semble attester que l’incendie de 1140 n’ait pas provoqué de dégâts significatifs.

L’incendie de 1150 peut avoir mené à une nouvelle transformation de la crypte. L’analyse stylistique suggère que la partie ouest de la crypte actuelle date des années 1150. Le double portail qui mène à la chapelle Saint-André et la paroi du bras sud du transept du côté de l’abside sont probablement reconstruits à la même époque

Le dernier incendie, en 1176, est sans doute à l’origine de travaux d’envergure. Les réparations qui visaient à sauvegarder la cathédrale ottonienne sont délaissées au profit d’un véritable projet de reconstruction. Cette nouvelle orientation peut être attribuée à la série d’incendies, mais aussi à la volonté de moderniser l’architecture de la cathédrale.

Des réparations à la reconstruction

En 1176, l’évêque Rodolphe est suspendu de ses fonctions, jugé schismatique. Son successeur, l’évêque Conrad Ier d’Eguisheim, décède un an après son élection en 1180. C’est à partir de cette période que commence un ambitieux projet de reconstruction et de modernisation, dirigé par l’évêque de Hasenbourg.

À partir de 1180, une nouvelle ère débute, celle de la construction de la cathédrale dans sa forme actuelle.