La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame : une institution singulière dont l’héritage historique lui confère un statut unique et fait d’elle un pilier de la préservation de la cathédrale de Strasbourg.

Contexte historique de l’Œuvre Notre-Dame

Livre des donations de l'Œuvre Notre-Dame, 1324-1529 (mention du don du maître d’œuvre Erwin)
Livre des donations de l’Œuvre Notre-Dame, 1324-1529 (détail, mention du don du maître d’œuvre Erwin), crédit : Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg

L’histoire de l’Œuvre Notre-Dame est marquée par des étapes clés, de son apparition au Moyen Âge jusqu’à la création de son statut de fondation par Napoléon Bonaparte.

Les premières mentions de l’existence de l’Œuvre Notre-Dame remontent du début XIIIe siècle. Elle est alors placée sous le contrôle du chapitre de la cathédrale pour superviser les dons et legs nécessaires à la reconstruction de l’édifice. Dès la deuxième moitié de ce siècle, des laïcs participent à la gestion de l’institution. Vers 1280-1290, sa direction est progressivement confiée au magistrat de Strasbourg qui nommera par la suite les administrateurs.

Au XVe siècle, l’Œuvre Notre-Dame joue un rôle central dans le réseau des loges du Saint-Empire romain germanique. Les maîtres d’œuvre se réunissent régulièrement, avec l’atelier strasbourgeois comme Loge suprême, pour établir des règlements qui régissent le travail des ouvriers et artisans, ainsi que leurs salaires, droits et devoirs.

Le statut de Fondation de l’Œuvre Notre-Dame

Arrêté consulaire (détail, art. 1 et 2), 1803
Arrêté consulaire (détail, art. 1 et 2), 1803, crédit : Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 3OND49

Quatre siècles plus tard, après la Révolution française, Napoléon Bonaparte restitue, par son arrêté du 25 novembre 1803, les biens de l’institution confisqués dix ans plus tôt. Il confirme aussi le statut de l’Œuvre Notre-Dame en tant que fondation, dotée de biens et revenus distincts de ceux de la Ville, et chargée de l’entretien et de la conservation de la cathédrale de Strasbourg.

Ce document constitue le fondement de son statut. Préservé lors de l’annexion de l’Alsace à l’empire allemand entre 1871 et 1918, il est renforcé par la loi du 1er juin 1924 relative au droit local appliqué en Alsace-Moselle.

Aujourd’hui, le budget de la Fondation est toujours indépendant de celui de la ville de Strasbourg. Perpétuant une tradition séculaire, l’institution peut également recevoir des dons et legs pour financer ses propres travaux sur la cathédrale.

Gestion et administration de la Fondation

En tant que structure administrée par la ville de Strasbourg, la Fondation est soumise à la réglementation publique. Elle fonctionne comme un service municipal et son budget est voté tous les ans par le conseil municipal (conseil d’administration de la Fondation). Son personnel est constitué d’agents publics et ses achats sont soumis aux procédures des marchés publics.

La Fondation aujourd’hui

Depuis la Révolution française, la cathédrale de Strasbourg, comme toutes les cathédrales de France, appartient à l’État. Le service des Monuments Historiques de la Direction régionale des affaires culturelles en assure la maîtrise d’ouvrage. De tout temps, la Fondation comptait parmi son personnel un architecte qui menait les travaux sur la cathédrale. Au début du XXe siècle, avec la création du corps des Architectes en chef des Monuments Historiques (ACMH), la situation se complexifie et conduit à la coexistence de deux architectes qui œuvrent séparément sur l’édifice et sur des chantiers différents. La convention-cadre de 1999, établie entre le ministère de la Culture et de la Communication et la Fondation, a renoué avec l’histoire : une maîtrise d’œuvre unique confiée à l’ACMH. À cette nouvelle organisation, s’est ajoutée une délégation de maîtrise d’ouvrage à la Fondation.

À noter que la Fondation assure l’intégralité du financement des travaux qu’elle réalise sur la cathédrale, il s’agit d’un don en nature de la Fondation à l’État.

Une équipe pluridisciplinaire au service du patrimoine

31 personnes aux compétences multiples, œuvrent main dans la main pour mener à bien les missions de la Fondation : l’entretien et la conservation-restauration de la cathédrale, la gestion patrimoniale et des ressources de l’institution, la valorisation de ses collections, la transmission de ses savoirs et savoir-faire. 

L’équipe est organisée en trois départements :

  • Les ateliers de la cathédrale > 23 restaurateur·rices spécialisé•es réparti·es sur deux sites :
    – ateliers de la Meinau : débit-gestion du parc à blocs de grès, forge et menuiserie
    – ateliers rue des Cordiers : responsable des ateliers, collaborateur études, dessin-relevé, taille de pierre, sculpture, conservation, activités chantiers, entretien-maintenance et gestion des achats.
  • Le service administratif > 7 personnes : directeur de l’institution, directeur technique, responsable ressources, assistante de direction, assistante de gestion administrative, cheffe de projet culturel et chargée de communication.
  • La gestion des collections pilotée par la responsable des collections. 

En complément, la Fondation accueille chaque année un(e) aspirant•e compagnon et deux apprenti•es.

La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame, dotée d’un statut unique, s’appuie sur une équipe de 31 professionnel•les aux compétences multiples pour mener à bien ses missions. Grâce à cette équipe d’expert•es passionné·es, la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame perpétue l’héritage historique et culturel des hommes et des femmes qui, depuis 800 ans prennent soin de la cathédrale de Strasbourg.