Parmi les quatre tourelles d’escalier de la haute tour, la tourelle sud-est est, dans sa plus grande partie, encore constituée de pierres d’origine et demeure d’une grande authenticité. C’est pour cette raison, renforcée par les premières observations in situ, qu’une nouvelle étude sera entreprise afin d’effectuer des analyses scientifiques complémentaires.

Petit historique de la tourelle d’escalier sud-est de la haute tour

Chantier de conservation-restauration de la tourelle d'escalier sud-est
Chantier de conservation-restauration de la tourelle d’escalier sud-est © Fondation de l’Œuvre Notre-Dame, 2014

La tourelle sud-est de la cathédrale de Strasbourg, d’une hauteur de 34,50 m, est édifiée entre 1399 et 1419 par Ulrich d’Ensingen. L’escalier de plan hexagonal est constitué de 168 marches, les parois de la cage d’escalier (sur base triangulaire) sont ajourées de baies à meneaux, l’extérieur est décoré de niches, de pinacles et l’ensemble est couronné d’une balustrade.

Pour répondre à différents désordres principalement liés à l’activité humaine (érosion, dégâts de guerre, impacts des feux d’artifices, pollution, etc.) sur et autour de la cathédrale de Strasbourg, la tourelle d’escalier a subi plusieurs restaurations partielles, avec notamment :

  • deux révolutions d’escalier restaurées au début du XIXe siècle
  • le ressemelage de toutes les marches au début du XXe siècle
  • divers travaux de remplacements sur des noyaux, des allèges, des linteaux, des meneaux et les trois marches sommitales en grès vosgien à gros grains, fin XXe siècle
  • la pose sur la terrasse d’une couverture en plomb sur un glacis en plâtre, en 2007.

Études et compléments d’observations

Une première étude (étude préalable à la restauration de la haute tour) est réalisée en mars 2004 par la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame. Ces premières observations portent sur l’état sanitaire global, la déformation du noyau de l’escalier et les éléments manquants. Elle préconise une intervention en quasi stricte conservation de l’intérieur de la tourelle, afin de préserver au maximum ce témoin architectural du XVe siècle.

L’Institut National des Sciences Appliquées de Strasbourg (INSA – Strasbourg) a effectué entre 2007 et 2008 une série d’observations et de mesures sur les variations de déformation du noyau et sur les mesures de distance au noyau des 3 faces extérieures. Les mouvements observés (de l’ordre de 0,2 à 2 mm) peuvent être attribués à des variations climatiques.

Un Projet Architectural et Technique est édité en avril. Il reprend les premiers constats de l’étude préalable et favorise toujours une intervention basée sur la conservation avec :

  • la purge des mortiers ciment
  • un dessalement
  • des injections et des consolidations
  • un rejointoiement
  • une reminéralisation.

Le dossier préconise aussi quelques restaurations structurelles indispensables (noyaux, meneaux, colonnette et cadran solaire) et propose une dérestauration en retirant l’adjonction des semelles. Il souligne l’importance de poursuivre l’étude sanitaire en découvrant les marches et en retirant les mortiers de ciment.

À l’hiver 2012-2013, une cartographie « repérage des prélèvements pour analyses (sels, mortiers, grès, polychromies) ».

Au printemps et à l’été 2013, les analyses des grès, des mortiers et de la présence de sels solubles sont effectuées au printemps avec les prises d’échantillons sur site, les analyses en laboratoire en été. Les résultats confirment notamment les observations visuelles de contamination saline, la présence de mortier contenant du ciment et la présence d’argiles gonflantes dans certains grès.

Les premières analyses et les travaux préalables

D’octobre 2013 à janvier 2014, un état des lieux détaillé est réalisé par la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame, il comprend :

  • une cartographie générale des formes d’altérations de l’intérieur de la tourelle et de l’escalier
  • une légende des types d’altérations affinées d’après le glossaire illustré ICOMOS
  • des cartographies pierre à pierre
  • une liste des marches pour lesquelles se pose la question d’une restauration en copie exacte
  • les premiers essais de constitution et d’application des compresses de dessalement
  • une photographie de chacune des marches après la dépose des semelles (vue de dessus, élévation et paillasse)
  • une première bibliographie.

La tourelle est mise partiellement hors d’eau en juin afin de la protéger des intempéries et ainsi ralentir les processus d’altérations.

Les études, analyses, observations et constats amènent l’Architecte en chef des Monuments Historiques à commander une nouvelle étude pour la conservation-restauration de la tourelle d’escalier sud-est de la haute tour. Elle intègre notamment un projet de relevé photogrammétrique complet (élévations des six faces extérieures et intérieures) et un relevé des mouvements de la cage d’escalier complémentaire. Il est également envisagé d’installer un échafaudage extérieur afin de traiter l’ensemble de la tourelle. Ce projet affiné et complété prendra aussi en compte les travaux de serrurerie et de couverture.

L’organisation et la planification de l’étude complémentaire et des futurs travaux restent à définir.

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