Le portail Saint-Laurent, remarquable par son riche décor de style gothique tardif, fait l’objet d’une campagne de conservation-restauration.

Contexte historique

Orthomosaïque du portail Saint-Laurent, crédit : F.OND, orthomosaïque : Pascal Renard
Orthomosaïque du portail Saint-Laurent, crédit : F.OND, orthomosaïque : Pascal Renard

La façade de l’ancienne chapelle Saint-Laurent, dite portail Saint-Laurent, située sur le côté nord de la cathédrale de Strasbourg, est érigée entre 1494 et 1505 sous la direction du maître d’œuvre Jacques de Landshut. Ce chef-d’œuvre est un parfait exemple de l’art gothique flamboyant où s’entremêlent prouesses techniques et artistiques.

L’Œuvre Notre-Dame, Loge Suprême du Saint Empire Romain Germanique depuis 1459, est au sommet de sa notoriété grâce à l’achèvement de la flèche de la cathédrale, vingt ans plus tôt. Elle fait notamment appel à deux sculpteurs de renom Conrad Sifer et Jean d’Aix-la-Chapelle qui réaliseront le programme iconographique du portail Saint-Laurent.

Programme iconographique

Portail Saint-Laurent, gravure, XVIIe siècle, crédit : F.OND
Portail Saint-Laurent, gravure, XVIIe siècle, crédit : F.OND

Ce programme est consacré au martyre de saint Laurent, le saint patron de la paroisse du même nom dont l’ancienne chapelle paroissiale était située dans l’aile nord du transept de la cathédrale. L’iconographie des contreforts reflète en partie celle de l’ancien portail du transept nord avec la représentation de la Vierge à l’Enfant, entourée des trois Rois mages (détruit lors de la Révolution) :

  • Le contrefort est du portail présente ainsi la Vierge à l’Enfant et les trois Rois mages, accompagnés d’un serviteur Maure.
  • Le contrefort ouest du portail figure saint Laurent, accompagné du pape Sixte, saint Étienne, saint Jacques et saint Maurice.

Les statues d’origines sont déposées entre 1907 et 1914 et sont conservées et exposées au Musée de l’Œuvre Notre-Dame et consultable sur le site POP – Collections des Musées de France (base Joconde) À la même période les sculptures sont remplacées par des copies conformes, posées progressivement.

Le groupe sculpté du martyre de saint Laurent, œuvre de Jean Vallastre, date du début du XIXe siècle. Cette réalisation fait suite à la destruction de l’original lors de la Révolution française.

Restaurations antérieures

Vue sur le baldaquin après dépose de la balustrade, crédit : F.OND, 1987
Vue sur le baldaquin après dépose de la balustrade, crédit : F.OND, 1987

Dans les années 1850, Gustave Klotz, architecte de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame opère des transformations à l’intérieur de l’espace situé derrière le portail, mais ces interventions ne sont pas documentées.

Des restaurations ont également eu lieu dans la première moitié du XXe siècle, notamment au niveau du réseau de balustrades.

Entre 1936 et 1946, les architectes successifs de la Fondation : Charles Auguste Pierre et Anselme Schimpf se préoccupent de l’état sanitaire du portail et des devis mentionnent entre autre la consolidation du balcon au-dessus du portail avec un ancrage en béton armé et la dépose des baldaquins, pyramides, balustrades et consoles. La majorité de ces travaux sont réalisés entre 1963 et 1969, sous la direction de l’Architecte en chef des Monuments Historiques Bertrand Monnet.

Quelques restaurations, conduites par l’État portent sur des éléments de pinacles, de fleurons, de gâbles.

État sanitaire

D’une manière générale les dégradations des parements et des décors sculptés proviennent de leur exposition critique plein nord (peu d’ensoleillement et humidité persistante), mais aussi à la chimie du béton, du plâtre et des ciments mis en œuvres, à la problématique de circulation et évacuation des eaux pluviales, à des dégâts mécaniques dus à des problèmes de statique, et d’origine humaine liés notamment au vandalisme.

Inventaire des altérations constatées sur les pierres :

  • Parties manquantes
  • Fissures et fractures
  • Croûtes noires et salines, efflorescences et subflorescences (cristallisation de sels issue principalement de la dalle béton formant la toiture terrasse)
  • Boursouflures, éclatements, exfoliations et desquamations à différents degrés : de la desquamation superficielle au détachement en plaques
  • Dépôts et patine noire ferrugineuse
  • Colonisation biologique par des mousses, lichens et algues
  • Déformations importantes au niveau des mains courantes et cassures.

Bien que la toiture soit en assez bon état apparent, certains matériaux présentent quelques signes de fatigue comme le plomb qui recouvre la dalle béton et les joints. Des désordres sont également visibles au niveau du vitrail, de la serrurerie et de la menuiserie.

Suite à la Déclaration d’Autorisation de Travaux (DAT), des analyses effectuées au laboratoire de la Fondation et dans des laboratoires externes ont permis d’établir avec précision les constats d’état et les protocoles d’intervention, des cartographies complètent ces données :

  • L’état actuel du portail Saint-Laurent
  • Le projet de restauration
  • La polychromie des grès de restauration
  • La chronologie (l’historique des interventions)
  • Les marques lapidaires
  • Les altérations (état sanitaire)
  • Les éléments conservés au lapidaire de la Fondation et au Musée de l’Œuvre Notre-Dame
  • Les éléments existants dans la collection des moulages en plâtre de la Fondation.

La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame possède à ce titre de nombreuses copies en plâtre d’ornements et de sculptures conservés dans sa gyspothèque ou d’éléments en grès provenant de déposes antérieures.

Étapes et planning du projet 

Le conseil d’administration de la Fondation (conseil municipal) a approuvé le lancement de l’opération le 20 mai 2019. Le montant total des travaux est estimé à environ 2,4 millions d’euros.

Les phases d’interventions sont :

  • Décembre 2020 : Installation de l’échafaudage
  • Janvier à octobre 2021 : Études détaillées
  • Novembre 2021 : Dépôt du dossier de demande d’autorisation
  • Début 2022 : Début des travaux
  • Fin 2022 : Obtention de l’autorisation de travaux de la seconde tranche
  • Fin des travaux : 2025

À l’occasion de la pose de l’échafaudage Alsace 360 en a réalisé un Timelaps ainsi que des orthomosaïques du portail par drone.

Ce chantier de conservation-restauration est possible grâce à vos dons.