Plongez au cœur de l’institution dédiée à la préservation de la cathédrale de Strasbourg : son rôle et ses actions.

Rétrospective historique

Cathédrale de Strasbourg, vue de l'est, crédit : F.OND
Cathédrale de Strasbourg, vue de l’est, crédit : F.OND

La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame a connu au fil des siècles diverses évolutions. Fondée au XIIIe siècle par le chapitre pour reconstruire la cathédrale de Strasbourg, elle est progressivement passée sous le contrôle de la Ville. Au XVe siècle, avec l’achèvement de la flèche, l’institution est élevée au rang de Loge suprême du Saint-Empire romain germanique, témoignant ainsi de son importance grandissante.

Elle connut sous la Révolution française quelques turbulences. En 1793, ses biens sont nationalisés, et suscite les protestations du magistrat de la Ville en raison du caractère laïque de l’institution. Dix ans plus tard, Napoléon Bonaparte restitue ses biens et confirme son statut de fondation. Son statut demeure intact jusqu’à ce jour, où elle continue d’incarner la préservation de la cathédrale à travers sa principale mission : l’entretien et la conservation-restauration du monument. Son riche passé témoigne de son lien indéfectible avec cet édifice emblématique de Strasbourg.

Une singulière institution

La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame jouit d’un statut de droit privé qui lui permet de recevoir des dons, des legs et de recourir au mécénat pour financer les travaux qu’elle réalise sur la cathédrale. Elle perçoit par ailleurs une subvention de la ville de Strasbourg.

Administrée par la municipalité, son personnel est composé d’agents territoriaux et ses achats sont soumis aux règles des marchés publics. Le budget de la Fondation est un budget autonome, sans lien avec celui de la Ville. Il est soumis à l’approbation annuelle du conseil municipal strasbourgeois, qui agit comme conseil d’administration pour la Fondation.

Cette spécificité assure à la fois son autonomie financière et un fonctionnement transparent. Les mécènes et donateurs, par le biais de leurs contributions, jouent un rôle concret dans la sauvegarde de la cathédrale. Grâce à cet appui précieux, la Fondation poursuit sa mission de préservation de ce joyau historique.

Les étapes clés de la conservation-restauration de la cathédrale de Strasbourg

Nettoyage au laser, dais du portail Saint-Laurent, crédit : F.OND, photo : Simon Woolf, 2021.
Nettoyage au laser, dais du portail Saint-Laurent, crédit : F.OND, photo : Simon Woolf, 2021.

Tous les dix ans, la cathédrale de Strasbourg bénéficie d’un programme de travaux approuvé par la Préfecture, la Ville de Strasbourg et la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame. Au cœur de cet engagement, réside la préservation et la conservation-restauration du monument assurant ainsi sa pérennité à travers les âges.

En étroite collaboration avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), la Fondation finance et met en œuvre les lots : maçonnerie, taille de pierre, sculpture, menuiserie, serrurerie et conservation. Les lots de couverture, de vitraux et de restitution des polychromies sont assurés par l’État. Chaque chantier de la Fondation suit un processus bien précis.

Intervention sur cordes, crédit : F.OND, photo : Simon Woolf, 2023
Intervention sur cordes, crédit : F.OND, photo : Simon Woolf, 2023

La phase d’études

Avant le début des travaux, des études approfondies (historiques, scientifiques et techniques) sont réalisées, sous la direction de l’Architecte en chef des Monuments Historiques (depuis 2013 Pierre-Yves Caillault). Elles analysent la partie spécifique de l’édifice qui nécessite une intervention. Ces études permettent de diagnostiquer avec précision les besoins en termes de conservation ou de remplacement, offrant ainsi une approche ciblée et adaptée.

ENTRE CONSERVATION ET RESTAURATION

La préservation des matériaux d’origine et des traces historiques est une priorité incontournable. Les interventions en conservation visent à traiter les différentes pathologies qui affectent les matériaux au fil du temps, telles que les influences de l’environnement, les activités humaines et les conditions météorologiques.

Lorsque le degré de détérioration le nécessite, les pierres et autres matériaux sont remplacés. En ce qui concerne les éléments en grès, l’appareilleur jour un rôle crucial en dessinant, à partir d’un relevé sur place, chaque pierre à remplacer.  Après avoir choisi les grès et effectué le débit du bloc capable, les tailleurs de pierre et les sculpteur·trices prennent le relais pour concevoir les copies. Enfin, l’équipe chantier assure la pose et le scellement des nouvelles pierres sur le monument.

AU-DELÀ DES GRANDS TRAVAUX

La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame assure une veille technique constante sur la cathédrale, ainsi qu’un entretien préventif.

Grâce à une présence régulière des artisan·es sur l’édifice, aux contrôles des conditions environnementales et de leurs impacts sur les matériaux et aux interventions sur cordes, la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame limite les futurs grands chantiers.

La gestion patrimoniale de la Fondation et ses ressources

Reproduction de la chimère située place du Château conçue et réalisée par les artisans de la F.OND
Reproduction de la chimère située place du Château (Strasbourg) conçue et réalisée par les artisans de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame, crédit : F.OND, photo : Mathieu Bertola

En plus de ses missions d’entretien et de conservation-restauration, la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame gère un patrimoine historique légué par des donateur·trices au fil des siècles. Il est composé de vignes, de forêts, de terres agricoles, de prés mais aussi d’immeubles et d’appartements. Ces ressources sont administrées et exploitées avec soin pour générer les revenus nécessaires au financement des travaux sur la cathédrale de Strasbourg.

Par ailleurs, la Fondation commercialise des reproductions d’œuvres (statues, gargouilles) présentes sur la cathédrale, dont les matrices sont conçues par l’atelier de sculpture, ainsi que d’autres objets. Elle offre la possibilité de soutenir les actions de l’institution par le biais de dons, legs ou mécénat. Les donateur·trices peuvent ainsi bénéficier d’une économie d’impôt (impôt sur le revenu, sur la fortune, sur les sociétés).

La valorisation du patrimoine documentaire

La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame abrite un trésor documentaire rassemblé en neuf collections :

Tirages photographiques, crédit : F.OND, photo : Simon Woolf, 2017
Tirages photographiques, crédit : F.OND, photo : Simon Woolf, 2017

Ce fonds exceptionnel est soigneusement préservé et enrichi. Il joue un rôle essentiel dans l’élaboration d’études approfondies nécessaires aux chantiers de conservation-restauration.

Vous pouvez découvrir une partie de ces œuvres dans LUMEN, le portail numérique des collections.

Transmission des savoirs et savoir-faire

La Fondation favorise la transmission des savoirs et savoir-faire par l’accueil d’apprenti·es et de stagiaires. Elle encourage aussi les échanges scientifiques avec d’autres ateliers de cathédrale, des laboratoires ou encore des instituts en France et à l’étranger.

L’accueil d’apprenti·es est une tradition ancienne au sein de l’institution. D’horizons divers (CFA, associations compagnonniques, etc.), rejoindre la Fondation leur permet d’acquérir un savoir-faire et la maîtrise des pratiques traditionnelles en particulier en taille de pierre et en sculpture.

L’institution offre également des possibilités de stage à des collégien•nes, lycéen·nes et étudiant·es, de quelques jours (stage de découverte) à plusieurs mois (licence, master ou doctorat).

La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame incarne la sauvegarde de la cathédrale de Strasbourg. Grâce à un fonctionnement transparent et au soutien de ses mécènes, elle assure la pérennité de ce chef-d’œuvre architectural inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Ses collections et la transmission de ses savoirs et savoir-faire enrichissent cet engagement pour les générations à venir.