La restauration de la haute tour s’est concentrée en partie sur la voûte festonnée, les balustrades monolithes sculptées, la statuaire, et s’est accompagnée d’opérations de conservation ainsi que de travaux sur cordes pour les parties inaccessibles.

Haute tour échafaudée, crédit : F.OND, 2007
Haute tour échafaudée, crédit : F.OND, 2007

Le chantier de conservation-restauration de la haute tour octogonale de la cathédrale de Strasbourg a eu lieu de 2004 à 2006 dans la continuité de celui de la flèche. L’objectif était d’optimiser l’utilisation des infrastructures existantes notamment le monte-charges et les échafaudages. Ces travaux ont concerné les maçonneries, les éléments décoratifs, la statuaire et les arrimages. Une première étude sur la tourelle d’escalier sud-est de l’octogone est également élaborée. Elle demeure la seule des quatre tourelles encore authentiques, les trois autres ayant fait l’objet d’importantes restaurations entre 1960 et 1974.

Historique des travaux de la haute tour et des restaurations passées en quelques mots

L’octogone de la haute tour est construit entre 1399 et 1419 par le maître d’œuvre Ulrich d’Ensingen, et achevé par son successeur Johannes Hultz.

En août 1728, un séisme endommage la maçonnerie, la coursive du petit étage, le fût octogonal et les quatre escaliers : 62 marches sont brisées. En 1871, Gustave Klotz propose de restaurer les sommets des quatre tourelles d’escalier et de leurs jonctions à la tour. La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame réalise ces interventions entre 1926 et 1932. Quant à la restauration du petit étage de l’octogone, elle a lieu entre 1919 et 1920.
Le chantier de restauration est documenté par la Fondation. Des photographies de 1920 montrent les échafaudages en bois, les gargouilles endommagées avant et après les travaux.

L’Architecte en chef des Monuments Historiques Bertrand Monnet dirige les travaux de restauration des escaliers de la haute tour. Ils sont menés par des entreprises privées.
En 1976, un feu d’artifice tiré depuis la plateforme de la cathédrale endommage les tourelles d’escaliers sud-est, nord-est et sud-ouest. Les réparations sont terminées en 1981.

Le projet de restauration de la flèche en 2001 intégrait déjà un programme complémentaire de conservation des sculptures monolithes avec les balustrades du petit étage de la haute tour. En 2004, un projet architectural et technique (PAT) de l’octogone de la haute tour est rédigé. L’année suivante il est complété du projet de conservation-restauration des quatre statues de l’octogone (élévation sud) qui donne sur la plateforme.

L’essentiel du chantier de la haute tour

Les restaurations se sont concentrées sur des éléments particuliers du décor d’origine ainsi que sur des restauration antérieures. Le risque de chute de matière a conditionné ces interventions préventives.

La voûte festonnée et son intrados du rein de voûte

Voûte festonnée de l'octogone, crédit : F.OND, photographie : Jérôme Dorkel
Voûte festonnée de l’octogone, crédit : F.OND, photographie : Jérôme Dorkel

La voûte à réseaux nervurés qui couronne la haute tour présentait un certain nombre de désordres sur l’oculus, les colonnettes, les festons et les nervures. Les sulpteur·trices ont restauré les 64 fleurs de lys manquantes puis les ont scellé à l’aide de goujon en fibre de verre et de colle polyester.
Les éclats issus de l’oxydation des fers d’accroche sont consolidés selon le cas de figure, soit par le remplacement du fer par du bronze, soit par traitement antirouille du fer et repositionnement des éclats de grès. Des greffes sur les nervures, des injections dans les fissures et une reminéralisation ciblée ont complété la consolidation de la voûte.
Une entreprise privée a mis en place un cerclage en fer pour renforcer l’oculus ainsi qu’un couvercle protecteur.

L’intrados du rein de voûte est traité par la passivation (application d’un film artificiel) des fers, la pose d’agrafes en bronze, la fixation des éclats et le comblement des fissures liées au gonflement par oxydation des éléments métalliques. Solins, rejointoiement et une reminéralisation ont conclu l’intervention.

Les sculptures accroupies de la « galerie des spectateurs »

Huit sculptures ornent la coursive du petit étage de la haute tour. Elles représentent un Ourson et un Taureau, copies des années 1970, ainsi que deux Prophètes, Ulrich d’Ensingen, la Vierge à l’Enfant et sainte Barbe qui sont des copies des années 1920, et enfin sainte Catherine un original des années 1420.

L’atelier de sculpture a procédé aux actions suivantes :

  • Dépose des sculptures monolithes avec les balustrades en grès à meule de sainte Catherine (désormais exposée au musée de l’Œuvre Notre-Dame), de la Vierge à l’Enfant, et d’Ulrich d’Ensingen. Ces trois sculptures sont conservées dans la glyptothèque de la Fondation et remplacées in situ par des copies.
  • Copie de sainte Barbe et d’un Prophète orienté nord-ouest sans leurs balustrades en grès vosgien, restaurées dans les années 1960/1970 (les copies sont scellées par goujon et colle époxy).

L’atelier de conservation a appliqué un traitement hydrofuge sur la partie supérieure des nouvelles balustrades (mains courantes) et statues. Il a procédé à plusieurs interventions sur le deuxième Prophète : nettoyage, traitement des fissures et reminéralisation.

Quelques autres éléments architecturaux restaurés et conservés

Les ateliers de taille et de sculpture ont réalisé diverses copies, parmi lesquelles figurent :

Greffe d’une tête de gargouille, crédit : F.OND
Greffe d’une tête de gargouille, crédit : F.OND
  • Le remplacement d’une tête de gargouille sur la face ouest du petit étage.
  • La restitution d’après des photographies de 1897, de la « boule » en grès de 15 centimètres de diamètre, posée au creux du remplage d’une balustrade sur la face sud-ouest (au 100 mètres).
  • La restauration de trois éléments de remplage sur la face ouest et de deux autres remplages de fenestrage au niveau des cloches de la même face.
  • Un gâble à crochets au-dessus de la main courante de la balustrade est du petit étage.
  • La restitution de deux cadrans solaires basée sur les modèles en plâtre de la gypsothèque.
  • Un chapiteau sculpté à la base de la tourelle d’escalier sud-ouest face sud.
  • Un pinacle de baldaquin à l’angle sud-est au 100 mètres.
  • Un fleuron de pinacle de baldaquin à l’angle nord-ouest, des crochets de balustrades.
  • L’atelier de conservation a procédé – sur un grand nombre de pièces de la haute tour : départs de voûte (dont la mise en place d’un glacis de protection au mortier de chaux), fleurons du petit étage, parements, éléments ornementaux – au :

    Microabrasion des croûtes noires du fleuron, crédit : F.OND
    Microabrasion des croûtes noires du fleuron, crédit : F.OND
    • nettoyage par microabrasion
    • traitement des fissures
    • dessalement
    • traitement des fers
    • application de solins
    • consolidations par reminéralisation.

    Les travaux complémentaires

    Les artisan·es ont également effectué lors du chantier :

    Une des 204 marques lapidaires relevées, crédit : F.OND
    Une des 204 marques lapidaires relevées, crédit : F.OND
    • Un relevé complet des 204 marques lapidaires de la voûte festonnée.
    • La mise en place de nouveaux arrimages des nervures des départs de voûte.
    • Une première étude de la tourelle d’escalier sud-est de la haute tour.
    • Une intervention sur corde avec une entreprise partenaire pour réviser les nombreuses fixations et arrimages, vérifier la stabilité des éléments du décor, repérer et réparer les éclats de grès, reprendre les joints trop dégarnis pour assurer une bonne conservation des maçonneries.

    Les quatre statues de la face sud du fût de l’octogone

    Copies des statues de sainte Catherine et de saint Laurent en place sur l'octogone de la haute tour
    Les copies des statues de sainte Catherine et de saint Laurent en place sur l’octogone de la haute tour, crédit : F.OND

    Ces statues représentent sainte Catherine, saint Laurent, l’Adolescent au cadran solaire et le Pèlerin. Il s’agit de copies de 1920 qui remplacent les sculptures d’origine de la fin du XVe siècle, aujourd’hui conservées au Musée de l’Œuvre Notre-Dame.
    Les statues du Pèlerin et de l’Adolescent au cadran solaire ont bénéficié de traitements en conservation, suite à une cartographie et des analyses. Les parties trop altérées ont fait l’objet de greffes.
    En ce qui concerne les statues de sainte Catherine et de saint Laurent, fortement endommagées, les sculpteur·rices les ont remplacées par des reproductions, en raison des risques qu’elles présentaient pour les visiteurs de la plateforme.

    Les sculptures du Moine et de l’Empereur en 2008

    La copie des statues du Moine (près de 950 kg) et de l’Empereur (près de 830 kg) est réalisée par les sculpteurs de la Fondation entre 1966 et 1968. Elles sont posées en 1970 et les statues d’origine (1400/1410) sont conservées jusqu’en 2008 par la Fondation. Depuis l’exposition : Strasbourg 1400, elles sont exposées au Musée de l’Œuvre Notre-Dame, après avoir fait l’objet de plusieurs traitements par l’atelier de conservation.

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    Vos dons contribuent à l’entretien et à la conservation-restauration de la cathédrale de Strasbourg.