Après la conquête de Strasbourg par Louis XIV, la cathédrale et son décor sont adaptés au culte catholique et aux évolutions stylistiques. Un élément remarquable des transformations du XVIIIe siècle sont les galeries néogothiques qui longent, encore de nos jours, les façades sud et nord de la cathédrale.

La ville et le style architectural après 1681

Strasbourg est rattachée au royaume de France après sa capitulation le 30 septembre 1681.

Le roi Louis XIV restitue la cathédrale de Strasbourg au culte catholique et la place sous l’autorité de l’évêque Egon de Fürstenberg.

Entre 1704 à 1790, quatre membres de la famille de Rohan occupent successivement le siège de l’évêque. Un nouveau palais épiscopal, qui portera leur nom, est construit entre 1732 et 1742 par l’architecte Joseph Massol, d’après les dessins de Robert de Cotte. Il est érigé dans le style classique qui règne à Strasbourg après la conquête française de la Ville. Les interventions sur et dans la cathédrale sont marquées par ce style.

La cathédrale après le rattachement

Le retour au culte catholique et la volonté d’adapter la cathédrale aux évolutions stylistiques entraînent la suppression du mobilier ancien et un réaménagement des espaces intérieurs de la cathédrale. 

La destruction du mobilier

L’adoption des prescriptions du concile de Trente (dans le contexte de la contre-réforme) déclenche la destruction du mobilier :

  • Le grand retable de frères Hagenauer de 1501 est enlevé.
  • La chapelle de la Vierge, construite par Erwin en 1318, est démolie.
  • Le jubé du XIIIe siècle est détruit, mais ses statues conservées.
  • Les vitraux du chœur sont supprimés, la baie axiale agrandie.
  • La représentation de la Messe des animaux sur deux chapiteaux du triforium est martelée.

Le réaménagement de l’intérieur de la cathédrale

Entre 1682 et 1741, l’intérieur de la cathédrale est entièrement réaménagé :

  • Les murs sont badigeonnés de blanc.
  • Le chœur est revêtu d’une décoration en stuc.
  • Un nouvel autel en marbre est installé dans la croisée, surmonté d’un baldaquin à la romaine couvert d’une immense couronne de France.
  • Un grand escalier relie désormais la nef et le chœur.
  • Le sol du chœur est abaissé et son dallage remplacé.
  • De nouvelles stalles sont placées dans le chœur.
  • Le chœur liturgique est agrandi vers la nef, les escaliers qui menaient de la nef à la crypte sont supprimés.
  • Le caveau des évêques est installé sous la chapelle Saint-Laurent.

Le mobilier du chœur est une deuxième fois renouvelé, après l’incendie de 1759.
Le chœur est clos d’une magnifique grille en fer forgé à partir de 1761.

Autres faits remarquables

La réfection des grandes orgues est engagée entre 1713 et 1716, par Andreas Silbermann de Dresde, alors que le buffet de 1489 est maintenu.

En 1728, un tremblement de terre secoue Strasbourg. Une inscription sur l’octogone de la haute tour commémore cet événement.

En 1764, les figurines licencieuses taillées sur la rampe de l’escalier de la chaire, montrant entre autres un moine soulevant la jupe d’une béguine, sont supprimées.

La cathédrale change de physionomie à l’extérieur

Les annexes de 1744

En 1744, l’architecte du chapitre Joseph Massol construit la sacristie du Grand-Chœur entre le chœur et le bras nord du transept nord ainsi que l’école des enfants de chœur à l’est du bras sud du transept.

La foudre endommage l’octogone de la haute tour

La même année, les quatre tourelles d’escaliers de l’octogone de la haute tour sont endommagées par la foudre et restaurées par l’architecte de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame Johann Michael Erlacher. Il occupe ce poste de 1713 à 1760.

L’incendie de 1759

En juillet 1759, un impact de foudre provoque un incendie qui consume la charpente de la nef et sa couverture en plomb. En outre, il endommage la tour gothique de la croisée du transept, appelée la mitre. Les sérieux dommages nécessiteront sa dépose. La chute des éléments provoque des dégâts sur la voûte de la première travée de la nef et sur celle de la salle située au-dessus de la chapelle Saint-André.

La mitre ne sera jamais reconstruite. Elle fera place à une simple toiture tronquée, conçue par l’architecte Jacques-François Blondel. Elle couronne la croisée jusqu’en 1878 et sera munie d’un télégraphe de Chappe en 1793.

La construction des boutiques néogothiques

Dessin, projet élaboré par Jean-Laurent Goetz pour la construction des arcades néogothiques, crédit : Cabinet des estampes/ Musée de l'Œuvre Notre-Dame, photo : Mathieu Bertola
Dessin, projet élaboré par Jean-Laurent Goetz pour la construction des arcades néogothiques, crédit : Cabinet des estampes/ Musée de l’Œuvre Notre-Dame, photo : Mathieu Bertola

De 1772 à 1778, Jean-Laurent Goetz, architecte de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame depuis 1763, remplace les boutiques médiévales accolées aux faces sud et nord de la cathédrale par des boutiques uniformes indépendantes de l’édifice. Il opte pour des façades néogothiques et s’inspire des motifs présents sur l’édifice. Elles témoignent d’une importante tendance gothisante qui apparaît à la fin du XVIIIe siècle.

Au moment de la suppression des échoppes en 1848, les façades en forme de grandes arcades sont maintenues. Elles ont pris par la suite le nom de leur concepteur, les « galeries Goetz ».

La nouvelle maison des gardiens

En 1782, l’architecte Jean-Laurent Goetz remplace l’ancienne maison des gardiens par une nouvelle bâtisse, encore en place aujourd’hui. À cette occasion, les vestiges de la deuxième tour encore visibles sont supprimés.

Des illuminations spectaculaires

Une première illumination de la cathédrale a lieu en 1691. La municipalité organise en 1744, de fastueuses festivités pour la convalescence du roi Louis XV et son séjour dans la Ville. Une gravure sur cuivre de Jean-Martin Weis représente ce spectacle impressionnant. La cathédrale sera également illuminée lors de la visite de Marie-Antoinette en 1770.