Hypothèse de restitution des étapes de construction de la cathédrale de Strasbourg, vers 1371, crédit : F.OND, 3D Stéphane Potier - Inventive studio
Hypothèse de restitution des étapes de construction de la cathédrale de Strasbourg, vers 1371, crédit : F.OND, 3D Stéphane Potier – Inventive studio

Au XIVe siècle, la cathédrale de Strasbourg se dote d’une nouvelle chapelle dédiée à Sainte-Catherine. Ce projet, souhaité par l’évêque de la cathédrale dès 1331, est édifié entre 1340 et 1347.

En parallèle, le chantier de construction d’une façade à deux tours, qui s’élèvent au-dessus de l’étage de la rose, se poursuit jusqu’en 1365.

La construction de la chapelle Sainte-Catherine

Le maître d’œuvre Gerlach succède à son oncle Johannes (fils d’Erwin dit de Steinbach) de 1339 à 1371. L’évêque Berthold II de Bucheck (évêque de 1328 à 1353) lui confie la construction de la chapelle Sainte Catherine à partir de 1340. Accolée aux deux premières travées du bas-côté sud, elle est consacrée au Saint-Sépulcre le 16 avril 1349 et abritera aussi le tombeau de l’évêque. Son architecture, ses sculptures et ses vitraux lui confèrent l’aspect d’une châsse-reliquaire.

Les voûtes de la chapelle

Restitution en image de synthèse des voûtes d’origine de la chapelle Sainte-Catherine construite par maître Gerlach, crédit : F.OND, 3D Stéphane Potier - Inventive studio
Restitution en image de synthèse des voûtes d’origine de la chapelle Sainte-Catherine construite par maître Gerlach, crédit : F.OND, 3D Stéphane Potier – Inventive studio

Les voûtes présentent une idée novatrice, celle des clés pendantes, un concept qui sera plus tard repris dans la cathédrale de Prague. Endommagées par des orages, les voûtes seront remplacées entre 1542 et 1546 par l’architecte Bernhard Nonnenmacher. Aujourd’hui, il n’en subsiste qu’un fragment d’angle dans les combles de la chapelle.

Les vitraux de la chapelle

Vitraux de la chapelle Sainte-Catherine, crédit : Corpus Vitrearum, photo : Ulrich Engert
Vitraux de la chapelle Sainte-Catherine, crédit : Corpus Vitrearum, photo : Ulrich Engert

La chapelle conserve des vitraux d’origine (à l’exception des baies ouest, déposées avant le XVIIIe siècle). Attribués au peintre verrier Johann de Kirchheim, ils illustrent les douze apôtres aux côtés des saintes Marthe (ou Marguerite) et Marie-Madeleine représentés dans un décor architecturé de baldaquins.

Le décor sculpté

Cinq statues ornent les arcatures qui s’ouvrent vers le bas-côté sud. Elles représentent (de l’est vers l’ouest) : saint Florent (XIXe siècle), saint Jean-Baptiste (XIVe siècle), saint André (XIVe siècle), sainte Catherine (XIVe siècle) et sainte Élisabeth (XIVe siècle).

La chapelle abritait un somptueux Saint-Sépulcre jusqu’au XVIIe siècle. Quelques fragments sont exposés au musée de l’Œuvre Notre-Dame et consultable sur le site POP – Collections des Musées de France (base Joconde), d’autres sont conservés dans la collection des pierres anciennes de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame.

La construction de la tour nord

Après avoir achevé la chapelle Sainte-Catherine, Gerlach poursuit les travaux et érige la tour nord jusqu’à l’étage situé au-dessus de la grande rose.

En 1365, selon la chronique de l’abbé Grandidier sur la cathédrale de Strasbourg, les deux tours de la façade sont achevées jusqu’au niveau de la plateforme. Toutefois, lors de la construction de la tour nord, le conseil municipal décide de modifier radicalement le plan d’origine, celui de la fin du XIIIe siècle commandé par l’évêque Conrad III de Lichtenberg. Gerlach dresse le plan d’un beffroi qui comble l’espace entre les deux tours mais elle ressemblera encore à Notre-Dame de Paris à sa mort en 1371.

Les autres événements remarquables à cette époque

Pendant cette période, plusieurs événements notables marquent l’histoire de la cathédrale et de Strasbourg :

  • En 1343, les vantaux en bronze du portail central de la façade sont mis en place. Ils seront détruits en 1793 lors de la Révolution.
  • En 1347, la cathédrale reçoit la visite du roi germanique et futur empereur Charles IV. Il est accueilli avec faste devant le portail du bras sud du transept. La même année, Gerlach construit l’aile gothique de la maison de l’Œuvre Notre-Dame.
  • En 1349, la grande peste ravage l’Europe, et réduit d’un tiers la population alsacienne.
  • En 1352, la première horloge astronomique, dédiée aux Rois mages, est installée sur le mur ouest (intérieur) du bras sud du transept.
  • Enfin, le tremblement de terre de 1356 cause des dommages à la cathédrale, dont la portée exacte reste inconnue.

L’ajout d’un beffroi va permettre d’ériger une tour nord bien plus haute que celle prévue à l’origine. Elle surpassera par sa flèche, les autres édifices du Saint-Empire romain germanique (Fribourg, Ratisbonne, Cologne, Vienne).