1048 à 1180 : De la cathédrale ottonienne à la cathédrale romane

1048 à 1180 : De la cathédrale ottonienne à la cathédrale romane

Plusieurs édifices existants portent encore de nos jours l'influence considérable de l'architecture majestueuse de la basilique romane. Au courant du XIIe siècle de nombreux incendies endommagent le monument. Ils occasionnent des restaurations qui respectent en grande partie les dispositions anciennes.

L'influence de la cathédrale romane de Strasbourg

L'architecture grandiose de la cathédrale romane influence plusieurs églises de la région :

L'église Saint-Marie de Mittelzell à la Reichenau (sur le lac de Constance) imite à l'échelle réduite les parties orientales de la cathédrale alsacienne : elle présente un transept continu (c'est-à-dire ininterrompu par une croisée surélevé ou d'arcatures avec une abside surmontée d'une tour carrée. Certains historiens d'art y voient une copie réduite de la basilique de Werner. Le chœur occidental, érigé à partir de 1030, est consacré en 1048. 

L'église abbatiale de Limburg an der Haardt, non loin de Bad Dürkheim est également édifiée selon le modèle strasbourgeois. Bien qu'elle soit en ruine, elle livre une impression de la grandeur et somptuosité semblable à celle de la cathédrale de Strasbourg.

L'église Saint-Georges d'Oberzell sur l'île de la Reichenau livre une idée du décor intérieur de la nef strasbourgeoise. Les parements au-dessus des arcades du vaisseau central sont entièrement décorés d'un cycle de fresques qui illustre les miracles du Christ. Elles datent de la fin du Xe siècle.

Le destin de la cathédrale romane

Les dégâts provoqués par les vents

Une source rapporte des dommages dus à un orage le jour de Noël en 1074.

"In natale domini ventus multus aedificia urbis Argentinensis, maceria templi eversa, aliquot hominis in praesentia regis oppressit" (Nancy, Bibliothèque publique, ms. 537)

En présence de l'empereur Henri III, plusieurs hommes sont tués par la chute d'une structure appelée maceria templi, qui pourrait designer une flèche de la tour du chevet.

À cette occasion la crypte est sans doute endommagée. Ces dégâts expliqueraient les restaurations de la crypte à la fin du XIe ou début du XIIe siècle. La crypte est alors transformée et agrandie. Par ses formes et par l'alternance des pierres taillées en grès rouge et en grès clair, elle s'inspire fortement de la crypte de la cathédrale de Spire. Celle-ci est un lieu emblématique, car elle est à la fois la plus grande et importante cathédrale romane de l'Empire et le lieu de sépulture des empereurs.

La cathédrale la proie des incendies

Au courant du XIIe siècle plusieurs incendies de la cathédrale sont mentionnés par les Annales de Marbach, sans fournir le moindre détail hormis les dates : 1136, 1140, 1150 et en 1176.

Une éventuelle reconstruction de la façade occidentale (vers 1140) peut résulter de l'incendie survenu en 1136.

En 1146, le passage de Bernard de Clairvaux à Strasbourg (il effectue un miracle dans la cathédrale en rendant ses jambes à une jeune fille paralysée) semble attester que l'incendie de 1140 n'a pas provoqué de dégâts conséquents.

L'incendie de 1150 peut avoir mené à une nouvelle transformation de la crypte. La partie occidentale de la crypte actuelle est datée aux alentours de 1150. Le double portail qui mène à la chapelle Saint-André semble avoir été reconstruit au même moment.

Le dernier incendie (1176) est sans doute à l'origine des grands travaux. 

On abandonne alors les réparations prudentes qui tendaient à respecter l'ancienne église au profit d'un vrai projet de reconstruction.

La série d'incendies est peut-être à l'origine de cette nouvelle orientation, mais c'est aussi une volonté de moderniser l'architecture.

De la restauration à la réédification

En 1179, l'évêque Rodolphe est suspendu de ses fonctions, considéré comme schismatique. Son successeur l'évêque Conrad Ier d'Eguisheim meurt un an après son élection, en 1180. Un projet ambitieux de reconstruction et de modernisation sera initié après cette date par l'évêque de Hasenbourg.