Les dommages subis par la cathédrale de Strasbourg au moment de la Révolution sont conséquents : 235 statues sont détruites. Les travaux de restitution du décor sont entrepris à partir de 1811, s’ensuivent les premières restaurations systématiques de l’intérieur de l’édifice.

Dessin, portail du bras sud du transept, August. de Bayer, 1828.
Dessin, portail du bras sud du transept, August. de Bayer, 1828, crédit : Cabinet des estampes/ Musée de l’Œuvre Notre-Dame, photo : Mathieu Bertola

La chute de la monarchie conduit à la nationalisation des biens de l’Église. Le 2 novembre 1789, la cathédrale de Strasbourg devient propriété de l’État par décret de l’Assemblée nationale constituante.

Les révolutionnaires n’ont pas épargné la cathédrale de Strasbourg, comme de nombreux autres édifices religieux en France. Un arrêté des commissaires de la Convention, du 25 novembre 1793 (4 frimaire an II), met en demeure la municipalité « de faire abattre dans la huitaine toutes les statues de pierre qui sont autour du temple de la raison ». Toute image à connotation religieuse doit être détruite.

Dégâts de la Révolution et la restauration du décor détruit

Des dommages significatifs et irréversibles

Les actes les plus significatifs sont probablement ceux perpétrés entre le 7 et le 9 décembre 1793 (12 frimaire an II). À cette date, les iconoclastes détruisent et martèlent irrémédiablement un nombre important de statues de la cathédrale de Strasbourg et laissent ainsi de nombreuses niches vides. Quelques vestiges de sculpture sont exposés au Musée de l’Œuvre Notre-Dame.

Sauvetage d’éléments importants

Les soins apportés par l’architecte de la cathédrale, Antoine Klotz (architecte entre 1785 et 1811) et par les ouvriers de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame, ont permis de protéger de nombreuses statues remarquables. Toutefois, des œuvres significatives n’ont pu être épargnées. Le professeur Jean-Frédéric Hermann déplace en 1793 différentes statues de la cathédrale, parmi lesquelles sans doute l’Ecclesia et la Synagogue, dans le jardin botanique de la Ville. Il les enterrera afin de les protéger de la destruction par les iconoclastes.

Parmi les œuvres majeures qui subsistent, les plus emblématiques sont les représentations de l’Ecclesia et la Synagogue, mais aussi l’ensemble des statues des trois portails du massif occidental, Vierges folles et sages, Vertus terrassant les Vices et Apôtres. Certaines d’entre elles, sont conservées aujourd’hui au musée de l’Œuvre Notre-Dame. Elles sont remplacées, sur l’édifice, par des copies conformes du début du XXe siècle.

La cathédrale transformée en temple de la raison

À l’automne 1793, la cathédrale est soustraite de son rôle d’église catholique et commuée en temple de la Raison. Elle le restera jusqu’au printemps 1795. Le culte catholique est rétabli définitivement par le Concordat, signé le 15 juillet 1801, par le Premier Consul Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII.

La flèche de la cathédrale « sauvée » par un bonnet phrygien

En 1794, un conseiller municipal extrémiste demande la démolition la flèche, qui « blesse le sentiment d’égalité de la République ». Afin de sauver la flèche de sa destruction, le Conseil général de la commune de Strasbourg adopte la proposition du serrurier et conseiller municipal Jean-Michel Sulzer de coiffer la pointe d’un bonnet phrygien en tôle de fer. Peint en rouge et haut de plus de 10 mètres, ce bonnet reste au sommet de la flèche jusqu’en 1802.

Les biens de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame confisqués par l’État

C’est également pendant cette période de troubles, que les biens de la Fondation, malgré son statut laïc (fondation administrée par la municipalité), sont confisqués en 1793 et déclarés biens nationaux. L’activité des ateliers est réduite au minimum et les travaux de restauration de la cathédrale sont confiés par l’État à un entrepreneur. Sur protestations répétées de la municipalité, les biens et l’administration de la Fondation l’Œuvre Notre-Dame sont restitués à la Ville par l’arrêté consulaire du 25 novembre 1803 (3 frimaire an XII).

Une restauration minutieuse

À partir de 1811, la restauration de la cathédrale et la restitution de ses statues détruites commencent.

La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame s’adjoint depuis 1792, le talent créatif du statuaire Jean-Étienne Malade. Celui-ci, bien que respectueux du thème iconographique d’origine, grâce à la conservation des plans médiévaux, marquera la cathédrale de son propre style. À sa mort en 1818, il est remplacé par Jean Vallastre, à qui succédera en 1835, Philippe Grass.

Parmi les nouvelles sculptures, celle de la statue équestre du roi Louis XIV trouve sa place dans une niche à baldaquin sur la façade de la cathédrale en 1823.

En 1849, le projet d’une nouvelle statue de la Vierge du trumeau du portail central se dessine. Détruite pendant la Révolution, le sculpteur Jean-Étienne Malade l’avait déjà restituée au début du XIXe siècle. La nouvelle statue, œuvre de Philippe Grass, ne sera installée qu’en 1879.

Gustave Klotz, un architecte dévoué à la restauration

Les restaurations de la deuxième moitié du XIXe siècle sont surtout marquées par l’architecte de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame Gustave Klotz, petit-fils de l’architecte Antoine Klotz.

Gustave Klotz se charge de la restauration de la cathédrale de 1837 à 1880. Sous sa direction, la restitution de la statuaire de la cathédrale se perpétue. C’est principalement grâce au talent du sculpteur Philippe Grass, qu’il mène à bien cette activité.

Entre 1839 et 1869, Gustave Klotz répond à une tâche importante et urgente, la restauration et réorganisation de l’ensemble des vitraux (la plus grande collection de vitraux du Moyen Âge après celle de la cathédrale de Chartes). Les travaux sont confiés à plusieurs peintres verriers dont Louis Steinheil et Jean-Baptiste Petit-Gérard.

Gustave Klotz entreprend aussi le réaménagement du chœur de 1843 à 1853, qui perd son décor baroque et retrouve son aspect original. Le décor peint de l’abside sera réalisé qu’en 1877.

Dès les années 1860, l’architecte travaille sur une nouvelle tour pour la croisée du transept. Avec la caution de l’architecte Eugène Viollet-le-Duc, le projet d’une tour en style néo-roman est approuvé en 1869. Elle sera reconstruite qu’après le bombardement de 1870, de 1878 à 1879.

Autres faits remarquables de cette époque :

  • L’horloge astronomique ne fonctionne plus depuis 1788, elle est restaurée, entre 1838 et 1842, par l’horloger Jean-Baptiste Schwilgué, grâce à un nouveau mécanisme.
  • La cathédrale de Strasbourg est classée au titre des Monuments Historiques en 1862.