Un peu d'histoire
On doit la création des tapisseries au vœu prononcé par Louis XIII, de placer le Royaume de France sous la protection de la Vierge s'il parvenait à y ramener la paix, et si un héritier lui était donné. Le Roi décide donc la construction d'un nouvel autel à la cathédrale Notre-Dame de Paris et la création d'un nouveau programme décoratif pour le chœur. C'est dans ce contexte que sont créées, entre 1638 et 1657 (achevées bien après la mort de Louis XIII, en 1642), les 14 tapisseries formant la Tenture de la vie de la Vierge. Les cartons préparatoires sont dessinés par Philippe de Champaigne, peintre qui réalisa le célèbre portrait de Richelieu et par Charles Poerson. Les tapisseries seront tissées dans l'atelier parisien de Pierre Damour. On les appelle à tort tapisseries des Gobelins, du nom de la manufacture fondée par Louis XIV en 1667, soit 10 ans après l'achèvement de la tenture. Au total, se sont quatorze pièces monumentales tissées, qui prennent place dans le chœur de Notre-Dame. Elles seront déposées en 1699, lors de la « modernisation » de la cathédrale et remplacées par des tableaux.
En 1739, le chapitre de la cathédrale de Strasbourg acquiert ces tapisseries pour l'importante somme de 10 000 livres. Cet achat est motivé d'une part par certains chanoines, apparentés avec la famille de Rohan, qui avaient à cœur de souligner l'appartenance de Strasbourg et de sa cathédrale au Royaume de France (c'est le cas depuis 1681) ; d'autre part il s'agissait d'embellir l'intérieur de la cathédrale (stalles du chœur, tribunes des musiciens).
Pendant la seconde guerre mondiale, les tapisseries seront évacuées en Dordogne, avant d'être rapatriées en 1943 au Mont Saint-Odile sur ordre du Reich. Elles sont depuis la fin de la seconde guerre mondiale exposées dans la cathédrale durant l'avent.
Les tapisseries
La Tenture de la Vie de la Vierge présente un ensemble stylistique visuellement cohérent. Cette harmonie est due en grande partie aux bordures, qui présentent les armes des commanditaires, les cartouches explicatifs et des scènes d'angelots. Le cartouche supérieur explique la scène relative à la vie de la Vierge, tandis que le cartouche inférieur mentionne l'achat de la tapisserie pour la cathédrale de Strasbourg en septembre 1739 (pro usu cathedralis ecclesiae). La dernière restauration de la Tenture sera effectuée en 1998-1999 par la manufacture royale belge de tapisseries Gaspard de Wit, avant le Jubilé de l'an 2000.
La photothèque de la Fondation de l'Œuvre Notre-Dame conserve des clichés sur plaques de verre d'une campagne photographique des tapisseries réalisée au début du XXe siècle dans la cour du Palais Rohan et dans le jardin du grand séminaire, accolé à la cathédrale. La bibliothèque possède aussi une sélection d'ouvrages dédiés à ce sujet.
Cette semaine, les artisans de la Fondation accrocheront une partie des tapisseries dans la nef avec les collègues de la Fabrique de la cathédrale.
À lire
- Les tapisseries de la cathédrale de Strasbourg. André Lienhart et Philippe Fleck. Ed. Corpur 1999. Cote AC3603
- Strasbourg (Bas-Rhin). Cathédrale Notre-Dame. Restauration de la Tenture de la vie de la Vierge. Patrimoine restauré Alsace, n°7, Novembre 20014. Cote AC 3604
- La Vierge, le roi et le ministre. Le décor du chœur de Notre-Dame de Paris au XVIIe siècle. Ed. Musée des Beaux-Arts d'Arras, 1996. Cote AC3602
- Jules Guiffrey. La vie de la Vierge. Monographie sur les tapisseries de la Cathédrale de Strasbourg. Extrait de la Revue Alsacienne Illustrée. Un vol. de texte, un Vol. de planches. 1902. Cote AC3601
- La grâce d'une cathédrale. Strasbourg. Ed. de la nuée bleue 2010 (4e édition) Cote AC470