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Retour Mise sur le marché de l’art d’un objet original

Mise sur le marché de l’art d’un objet original

© Musée de la Ville de Strasbourg, photo Mathieu Bertola
Le dessin d’architecture de Jean Hültz de retour à Strasbourg ?

Extrait de la copie du XIXe siècle du dessin d'architecture de Jean Hültz

Le dessin d’architecture

Il s’agit d’une projection de l’élévation de la face ouest de l’octogone et de la flèche de la cathédrale de Strasbourg, réalisé vers 1419 par Jean Hültz, architecte de l’Œuvre Notre-Dame de 1419 à jusqu’à sa mort en 1449.

L’importance historique de ce dessin est inestimable puisqu’il s’agit du premier dessin connu représentant l’octogone tel qu’il a été édifié, la flèche qui apparaît sur le dessin a par contre été réalisée sur la base d’un autre plan.

L’intérêt patrimonial de ce dessin est d’autant plus fort qu’il s’agit très probablement d’un objet qui appartenait aux collections de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame. La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame en possède une copie fidèle, conservé au Musée de l’Œuvre Notre-Dame, un relevé calqué sur l’original au milieu du XIXe siècle.

La disparition de l’œuvre serait antérieure à 1810, probablement lors de la Révolution française, puisqu’il n’apparaît plus dans les inventaires dressés cette année-là. 

L’archiviste de la Ville Louis Schneegans indique, dans une lettre du 2 juillet 1845, que le propriétaire du dessin est l’architecte Claude de Saint-Père alors installé à Paris. Il a hérité du dessin acheté à Dijon par son père Charles de Saint-Père chez un marchand de ferrailles. Malgré les efforts de l’archiviste et une lettre du maire de Strasbourg envoyée à Paris pour réclamer le retour du dessin à Strasbourg, ce dernier resta dans le patrimoine de la famille Saint-Père jusqu’en 1994. Il appartient, depuis cette date, à un collectionneur parisien qui souhaite à présent le vendre


Le classement trésor national

Au printemps 2018, la maison Sotheby’s a mis sur le marché de l’art ce dessin d’architecte, dont l’estimation s’élève à 1 710 000 euros. Ce montant correspondrait à l’offre d’une institution culturelle nord-américaine en vue de son acquisition. 

Après analyse de la situation, la Direction générale des patrimoines du Ministère de la culture et le Service des musées de France ont conclu en l’impossibilité d’instruire une revendication en domanialité publique, en raison de l’absence de preuves suffisantes et incontestables sur l’appartenance du dessin et son statut durant la période révolutionnaire. L’État aurait pu réclamer la rétrocession du dessin.

Le classement « trésor national » du dessin a donc été la voie obligée pour empêcher la vente du dessin en dehors du territoire national. 

La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame a mandaté son historienne de l’art Sabine Bengel pour défendre le dossier auprès la Commission consultative des trésors nationaux, le 11 juillet à Paris. Elle a été accompagnée par Olivia Savatier, conservatrice au département des arts graphiques du musée du Louvre en charge du suivi du dossier auprès du Ministère de la culture.

La commission a émis un avis favorable au classement trésor national de cet objet. L’avis de la commission et l’arrêté refusant l’émission d’un certificat d’exportation du dessin de Jean Hültz ont été publiés le 29 août dernier.

Le refus de délivrer un tel certificat offre la possibilité à la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame de concrétiser une acquisition du dessin dans les 30 mois.


Moyens mobilisés

La Fondation de l’Œuvre Notre-Dame, avec le soutien de la Ville de Strasbourg, doit dès à présent mobiliser les moyens nécessaires pour recouvrer cette œuvre d’art. Le mécénat est une des pistes. En effet, une entreprise peut bénéficier d’une déduction fiscale à hauteur de 90% lors de l’acquisition d’un trésor national.

Ce plan, fondamental pour la recherche, pourrait ainsi rejoindre la collection des dessins d’architecture de la Fondation, conservée et accessible au public au Musée de l’Œuvre Notre-Dame.

 

Dossier de presse