Cathédrale en péril : la cathédrale est sauvée par les travaux de Johann Knauth au début du XXe siècle. Le poids gigantesque des 142 mètres de la tour nord, de la haute tour et de la flèche a raison des fondations romane et gothique.

Johann Knauth, né à Cologne en 1864 est architecte de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame de 1905 à 1920.

Dès 1903, des fissures et des éclatements au niveau des joints apparaissent sur le premier pilier de la nef côté nord et suscitent l’inquiétude de l’architecte. En 1906, Johann Knauth enserre le pilier d’un frettage. Cette précaution a sans doute amorti l’impact du tremblement de terre du 16 novembre 1911.

Démolition de la maçonnerie sous le pilier de la tour (Pilier Knauth), crédit : F.OND, 19/06/1923
Démolition de la maçonnerie sous le pilier de la tour (Pilier Knauth), crédit : F.OND, 19/06/1923

Des fouilles et des analyses sont réalisées en 1907 et consignées dans un rapport d’études en 1908. Il révèle que les dégâts sont provoqués par le tassement du pilier supportant la haute tour et la flèche (estimée à l’époque à 7500 tonnes). En outre la constitution des fondations romanes était inadaptée, bien que complétées à la construction de la cathédrale gothique. La fluctuation de la nappe phréatique a aussi pu entraîner le pourrissement des pieux (en chêne et/ou en aulne) sous les fondations. D’ailleurs, l’architecte Hans Heckler en 1665, avait déjà constaté la disparition des pieux. L’installation jusqu’en 1911, de témoins et d’instruments de détection d’éventuels déplacements dans les fondations n’apportera rien de nouveau mais confirmera la thèse de Johann Knauth : les fissures du pilier de la nef proviennent de l’affaissement du mur de fondation portant le pilier en raison de l’importante charge de la tour et de la flèche.

Élévation du projet d'étaiement des arcatures et du premier de la nef côté nord avec le pilier de la tour, crédit : F.OND, vers 1924
Élévation du projet d’étaiement des arcatures et du premier de la nef côté nord avec le pilier de la tour, crédit : F.OND, vers 1924
Artisans et responsables pendant les travaux de reconstruction du 1er pilier de la nef, vers 1925/26
Artisans et responsables pendant les travaux de reconstruction du 1er pilier de la nef, vers 1925/26 (1er à gauche : Charles Pierre, conducteur des travaux de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame – 5e à gauche : Clément Dauchy, architecte de la Fondation et Architecte en chef des Monuments Historiques), crédit : F.OND

Johann Knauth préconise alors une réfection complète des fondations, approuvée en 1911 par l’administration. Commence alors, l’étaiement des voûtes et des doubleaux puis celui des arcatures de la nef entre 1912 et 1913. Dans l’attente du remplacement des fondations, du ciment (sous pression) sera injecté pour renforcer les murs de soutènement fissurés (1913). Un mur en pieux relié au sommet par deux couronnes (tous trois en béton armé) sera aussi créé et associé à huit vérins hydrauliques (1913-1914) pour éviter les glissements de terrain et supporter la charge lors des travaux de construction de la nouvelle fondation.
Le projet de réfection est définitivement approuvé en 1915 et les travaux de consolidation s’ensuivent.

Un projet avorté : Charles Pierre souhaitait créer un escalier souterrain pour visiter les nouvelles fondations mais ce projet n’a malheureusement pas vu le jour.

À partir de 1921, suite au licenciement de Johann Knauth, l’architecte Clément Dauchy et Charles Pierre (déjà conducteur de travaux de J. Knauth, il deviendra directeur de la Fondation à la mort de Clément Dauchy) poursuivent les travaux jusqu’en 1924, sous la houlette de Robert Danis (directeur de l’Architecture et des Beaux-Arts). À cette occasion (en 1923), les vestiges d’un puits romain d’une profondeur de plus de 9 m ont été découverts.

Armature en béton armé autour du pilier de la tour, au moment de sa destruction, vers 1925
Armature en béton armé autour du pilier de la tour, au moment de sa destruction, crédit : F.OND, vers 1925

La gravité des fissures nécessitera aussi le remplacement complet du premier pilier de la nef. Il sera assis sur une dalle béton construite sur le mur de soutènement roman. Ces travaux dureront près d’un an et seront terminés en juin 1925. La fin des travaux est célébrée en octobre 1926.

Le montant des travaux a atteint 3 444 000 d’anciens francs soit environ 2 450 379 € (en tenant compte de l’érosion monétaire, INSEE 2022).

Le sauvetage de la cathédrale de Strasbourg engagé sous l’architecte Johann Knauth (1864-1924) dans son contexte culturel et technique est au centre d’un projet de recherche financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR) et le Fonds autrichien pour la recherche et la science – Fonds zur Förderung der wissenschaftlichen Forschung (FWF).

Vos dons contribuent à l’entretien et à la conservation-restauration de la cathédrale de Strasbourg.