La tour de la croisée du transept est endommagée lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Menacée de destruction dans les années 1960, sa restauration a lieu de 1988 à 1992. Elle constitue aujourd’hui un ouvrage reconnu de la cathédrale de Strasbourg.

Mitre gothique au XIVe siècle, gravure.
« Mitre » gothique au XIVe siècle, gravure, crédit : F.OND

La première tour de croisée du transept de la cathédrale de Strasbourg est construite vers 1180-1200 par l’architecte du chœur et de la croisée du transept. Initialement la tour de croisée est coiffée, au-dessus de la galerie romane, d’une simple toiture pyramidale. En 1298, un incendie endommage sans doute le toit de la croisée.

Entre le début du XIVe siècle et 1759, une « mitre gothique » (ou bonnet d’évêque) coiffe la galerie romane. Elle était composée de huit pignons triangulaires, décorés de réseaux, de rosaces aveugles et d’une toiture couronnée d’un petit clocheton.
Deux colonnettes, l’une du XVIe, l’autre probablement du XVIIIe siècle témoignent des restaurations successives.

En 1759, la foudre provoque l’incendie du toit de la charpente de la nef et de la tour de croisée.
Deux des huit pignons triangulaires de la mitre s’effondrent et les autres sont démontés.

Tour de la croisée du transept de l'architecte Jacques-François Blondel, crédit : F.OND
Tour de la croisée du transept de l’architecte Jacques-François Blondel, crédit : F.OND

Vers 1760, l’architecte Jacques-François Blondel érige une toiture en pyramide octogonale. Elle est surmontée d’une terrasse sur laquelle est installé entre 1793 et 1852 un télégraphe. La galerie au-dessus de l’arcature romane est alors ceinte d’une balustrade en grès.

La toiture de Jacques-François Blondel est détruite lors du bombardement de 1870 suite à l’incendie de la toiture de la nef. Peu après, la tour est pourvue, au-dessus de la galerie romane, d’une toiture pyramidale provisoire.

Gustave Klotz, l’architecte de la Fondation, construit entre 1878 et 1879, une tour octogonale en style néo-roman et supprime les balustrades. Cette construction a fait l’objet de plusieurs projets, de même que l’installation in situ d’une maquette à l’échelle 1 (projet non retenu). La fin des travaux est célébrée en 1880 mais sans la présence de Gustave Klotz, décédé peu de temps auparavant.

La tour néo-romane de l’architecte Gustave Klotz est endommagée lors de la Seconde Guerre mondiale. La charpente et la couverture sont détruites et cette dernière est provisoirement colmatée par du carton bitumé.

La restauration

Vue est de la cathédrale, la tour Klotz est échafaudée, crédit : F.OND
Vue est de la cathédrale, la tour Klotz est échafaudée, crédit : F.OND

En 1968, trois projets pour remédier à cette situation s’affrontent : la création d’un nouveau couronnement, la restauration de la tour de Gustave Klotz, la restitution de la mitre gothique du XIVe siècle. Ce dernier projet, de Bertrand Monnet l’Architecte en chef des Monuments Historiques (ACMH) de la cathédrale, est d’abord privilégié. Mais, ce sera le projet soutenu par le maire Pierre Pfimlin qui sera retenu. La tour de Gustave Klotz sera restaurée, en adéquation avec les recommandations de la charte de Venise de 1964 qui préconise dans l’article 11, de respecter autant que possible toutes les époques d’édification d’un monument sans que l’unité de style soit un but à atteindre.

Au milieu des années 1980, Richard Hæusser, architecte de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame présente des plans, coupes, élévations et une maquette du projet de restauration au Ministre de la culture Jack Lang en présence de l’ACMH Pierre Prunet.
En 1988, les échafaudages sont enfin posés et les premiers travaux de refouille et de dépose des pierres commencent. La quasi totalité de l’effectif de l’atelier de la Fondation est alors affectée à la restauration de la tour.

Deux (est et nord) des huit faces sont remplacées à l’identique de même que la totalité des corniches, des chéneaux et des gargouilles. Par ailleurs, les huit grandes lucarnes et leurs fleurons sont restaurés ainsi que le paratonnerre.
10600 mètres linéaires de tubes d’échafaudage et près de 193 m3 de pierre seront nécessaires à ces grands travaux qui s’achèveront en 1993. L’État se chargera de la réfection de la charpente et de la toiture cuivre.

La tour de la croisée du transept de la cathédrale de Strasbourg, construite au XIIe siècle, a traversé diverses phases architecturales. Les restaurations des années 1990 ont préservé son intégrité qui en font aujourd’hui un élément distinctif et reconnu de la cathédrale.

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